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Limiter l’azote à 80 kg/ha/an pour maintenir la stabilité des prairies

Les scientifiques de l'Inrae et du CNRS ont étudié les données entre 2008 et 2020 d'un réseau de 150 prairies en Allemagne, représentatives des prairies d'Europe exploitées dans des systèmes plus ou moins intensifs.

80 kg par hectare et par an, c’est le seuil à partir duquel la diversité et le fonctionnement de ces prairies se dégradent de manière abrupte, les rendant extrêmement vulnérables aux aléas climatiques, constatent les chercheurs de l’Inrae et du CNRS.

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Au-delà d’une fertilisation de 80 kg d’azote par hectare et par an, les espèces prairiales perdent leur capacité à coexister. C’est l’enseignement d’une étude conduite par l’Inrae et le CNRS sur 150 prairies en zone tempérée afin d’identifier les seuils écologiques à partir desquels les changements de biodiversité sont si importants qu’ils mènent vers un dysfonctionnement des écosystèmes. Cette étude a analysé pendant treize ans la biodiversité végétale, les pratiques agricoles ainsi que les données climatiques. Ce constat devrait permettre aux agriculteurs d’ajuster leurs pratiques.

Plusieurs seuils écologiques, en lien avec l’intensité de la fertilisation azotée, ont été mis en évidence par les chercheurs. Un premier seuil est détecté à partir du moment où les agriculteurs fertilisent leurs prairies. Par rapport aux prairies naturelles non fertilisées (50 sites étudiés), ces prairies fertilisées sont moins diversifiées, mais le système reste stable et productif.

Au-delà d’une fertilisation de 80 kg d’azote par hectare et par an (50 autres sites), les scientifiques observent un basculement du système : les espèces perdent leurs capacités à coexister et ces prairies sont dominées par un nombre limité d’espèces aux traits fonctionnels similaires, incluant quelques graminées fourragères comme le ray-grass, et des adventices des prairies comme les pissenlits.

Des prairies naturelles plus résilientes

Ils constatent également que l’intensification des pratiques agricoles n’augmente plus la production de biomasse végétale. En revanche, elle provoque un lessivage accru des nutriments du sol par les eaux d’infiltration et rend les cultures plus sensibles aux aléas climatiques, notamment aux sécheresses. À l’inverse, les prairies naturelles accueillent une grande diversité de plantes aux caractéristiques variées, ce qui leur permet de mieux résister aux aléas climatiques. Elles assurent également plusieurs fonctions écologiques essentielles, comme la séquestration du carbone, le soutien aux pollinisateurs et le maintien de la fertilité des sols, notent les chercheurs.

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